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Article du Jeudi 9 novembre 2017

20h12 - Etapes 783 – 797. Frontière Kirghizistan – Bichkek (833 kilomètres) (3/3)

[FR]
(suite de l'article précédent)
Désormais seul et malade loin de toute présence humaine, sans eau potable et avec un très haut col à franchir, j'ai ramassé du bois au sol, fait un feu, fait bouillir l'eau d'un torrent, laissé infuser du thé népalais dedans et planté ma tente à 11 heures du matin car je me sentais incapable de franchir cet obstacle. Parfois, il faut savoir écouter son corps. Une fois mon matelas posé au sol, je me suis allongé et me suis rapidement endormi. Au réveil deux heures plus tard, je me sentais mieux. J'ai replié la tente, refait un feu pour rendre potable un litre d'eau -capacité maximale de ma popote- et j'ai attaqué l'ascension. Les mesures précises sur Google Earth effectuées après coup indiquent une montée de 5,3 kilomètres à 16,5% et non pas 4 kilomètres à 25% comme je l'avais calculé d'après les données erronées de ma carte openstreet map qui montrait une ligne droite alors qu'il y avait quelques lacets. Ce fut néanmoins suffisamment pentu, sur un chemin caillouteux, pour obliger Tarus et Mimile -je l'ai appris plus tard- à enlever leurs sacoches et à monter à pied en deux fois sur de longues portions, la difficulté étant trop importante pour pousser les vélos chargés à la main. Malgré la maladie, mais avec un vélo beaucoup plus léger, j'ai pour ma part réussi à franchir le col en poussant le vélo en une seule fois, mais au prix de terribles efforts et de longues pauses pendant lesquelles je voyais avec peur ma réserve d'un litre de thé s'amenuiser de plus en plus. Il n'y avait plus de torrent ni de bois ou matière à brûler le long du chemin, je devais donc faire des pauses pas trop longues et surtout prier fort pour que de l'autre côté je puisse retrouver à la fois un torrent et du bois pour refaire de l'eau potable. C'est donc avec beaucoup de stress que j'ai monté la fin du col avec peut-être l'instinct de survie qui m'a donné les forces nécessaires pour en finir avec les dernières pentes. La descente ne fut pas une récompense. Les cailloux étaient parfois de grosse taille, m'obligeant encore à marcher, mais après deux ou trois heures de descente je suis finalement tombé sur un torrent avec des arbres à proximité et j'ai pu me refaire du thé et planter la tente. Le lendemain à l'aube, j'ai discuté avec un berger qui montait à pied avec ses moutons et ses vaches. Je n'avais pas vu d'humains depuis 10 heures la veille et ce fut une rencontre très spéciale car il était particulièrement étonné de voir un cycliste ici, tout comme moi j'étais étonné de le rencontrer dans un endroit si isolé à une heure si matinale. J'ai fait un nouveau feu pour faire bouillir un litre d'eau puis j'ai continué la descente. Une descente parfois périlleuse à flanc de montagne. À un moment donné, le chemin était coupé par un éboulement, au milieu d'une forte pente. Deux jours après une chute, ce fut bien difficile de passer ce nouvel obstacle et de faire plusieurs voyages en escaladant l'éboulement en portant les sacoches les unes après les autres puis le vélo en tentant de rester en équilibre et sans jamais regarder en bas. En bas, justement, j'ai fini par y arriver, en un seul morceau, vivant, et avec mon cher vélo, et c'est alors qu'un nouvel obstacle a surgit: une rivière puissante dont le pont était détruit par le courant. J'ai du une nouvelle fois enlever les sacoches et j'ai fait plusieurs voyages pour escalader les restes du pont en béton en prenant garde de ne pas glisser dans l'eau, car le courant m'aurait emporté. Sur le chemin de la descente, j'ai rencontré un deuxième humain, un cavalier qui montait à cheval en tenant une bouteille de vodka à la main. Il semblait avoir beaucoup d'alcool dans le sang, mais j'ai réussi à m'en débarrasser sans trop de difficultés. J'en ai rencontré ensuite un autre en bien meilleur état de l'autre côté du pont près d'une ferme entourée de champs de cannabis. Puis au lieu de continuer en ligne droite sur la montagne suivante (500 mètres de dénivelé) j'ai bifurqué à gauche pour suivre la rivière jusqu'à la route M41 et un hôtel à 40 kilomètres. Cela faisait une distance de 60 kilomètres au lieu de 15 pour arriver au même endroit, mais à ce moment-là, je rêvais vraiment du confort d'un hôtel. Le long de cette route terreuse de meilleure qualité, j'ai refait du feu pour un nouveau litre de thé et rencontré un quatrième humain, un nouveau kirghize à cheval qui revenait à la ferme avec un sac rempli de bouteilles de vodka. Celui-là était complétement saoul mais encore assez lucide pour m'inviter à partager sa boisson préférée. Il fallu beaucoup de temps pour que je parvienne à me défaire de lui, car il ne voulait pas que je parte et était accompagné par deux gros chiens. Quand j'ai finalement rejoint la route M41 et la civilisation, j'étais assoiffé et j'ai rapidement croisé deux cyclistes qui m'ont offert de l'eau puis j'ai atteint l'hôtel le soir comme prévu. Je rêvais d'une douche et de confort, mais il n'y avait ni douche, ni eau courante, ni wifi, l'électricité fut longuement coupée et il y avait une odeur nauséabonde à 20 mètres autour des toilettes sèches qui étaient à l'extérieur. 3 euros la nuit, cela ne valait pas plus. Ensuite j'ai pris la direction de la capitale Bichkek, j'ai dû franchir encore deux gros cols. Un jour je suis monté pendant 70 kilomètres sans interruption du matin au soir puis à 5 kilomètres du sommet à la nuit tombante j'ai été invité par une famille vivant dans une yourte isolée près de la route. Ce fut l'occasion de découvrir de l'intérieur la culture ancestrale kirghize : un très bon moment dans un très bel endroit en très bonne compagnie. J'ai été étonné par la connaissance de la culture française du grand-père, qui me citait Jules Verne et Victor Hugo (des ouvrages ont été traduits en russe), et des kirghizes en général car deux jours plus tôt on m'avait déjà parlé de Patricia Kaas. Ils connaissent également un acteur français au gros nez dont ils ont oublié le nom et qui vit désormais en Russie. La yourte était chauffée au feu des excréments du bétail, la structure en bois était magnifique, tout comme les tapis colorés sur les murs et les gens à l'intérieur. Le père de famille remuait un mélange liquide dans un haut réceptacle en bois. Je ne me suis pas risqué à boire sa préparation, certainement encore du lait de jument frais ou peut-être fermenté ou une autre de leurs préparations locales qui m'auront déjà rendu malade à plusieurs reprises au Kirghizistan. J'ai quitté cette belle famille de la montagne, descendu pendant 100 kilomètres, remonté 1300 mètres de dénivelé avec de grosses pentes puis redescendu pendant 80 kilomètres de l'autre côté dans une belle vallée et enfin arrivé à Bichkek à 600 mètres d'altitude où j'ai fait deux semaines de pause et de récupération dans un endroit formidable avec de l'excellente compagnie.

Etape 783. Route M41 - Route M41. 52 kms.
Etape 784. Route M41 - Gul'cha. 72 kms.
Etape 785. Gul'cha - Osh. 84 kms.
Etape 786. Osh - Myrza-Aryk. 48 kms.
Etape 787. Myrza-Aryk - Suzak. 62 kms.
Etape 788. Suzak - Arlsanbob. 70 kms.
Etape 789. Arlsanbob – Forêt Arsanbob. 11 kms.
Etape 790. Forêt Arsanbob - Kyzyl-Unkyur. 24 kms.
Etape 791. Kyzyl-Unkyur – Chemin Kirghize. 8 kms.
Etape 792. Chemin Kirghize - Chemin Kirghize. 25 kms.
Etape 793. Chemin Kirghize – Hotel Lac Toktogul. 42 kms.
Etape 794. Hotel Lac Toktogul - Toktogul. 64 kms.
Etape 795. Toktogul – Route M41. 59 kms.
Etape 796. Route M41 - Route M41. 88 kms.
Etape 797. Route M41 - Bishkek. 124 kms.

[EN]
I went a little further, picked up some wood, made a fire to boil the water of the torrent, brewed Nepalese tea and planted my tent at 11 am because I did not feel able to pass this high pass. Once put my air matress I leaned over and quickly fell asleep. Waking up two hours later it was a little better. So I packed the tent, made another fire to make a liter of water drinkable - maximum capacity of my pot – from a torrent and I attacked the ascent. Afterwards, precise measurements on Google Earth indicate a rise of 5.3 kilometers to 16.5% and not 4 kilometers to 25%, the straight line of 4 kilometers on my Open Street Map map being wrong. Nevertheless, it was a difficult climb, on a stony path, enought difficult to force Tarus and Eric - I learned it later - to take off their saddlebags and walk twice in long portions, the difficulty being too high for push the bike by hand. Despite the illness but with a much lighter bike I managed to cross the pass by pushing the bike at one time but at the cost of terrible efforts and long breaks during which I saw my reserve of a liter of tea going down and down. There was no more torrent or wood along the way, so I had to take breaks not too long and especially pray so that on the other side I can find both a torrent and wood to redo drinking water. So it was with a lot of stress that I climbed the end of the pass with maybe the instincts of survival that gave me the necessary forces to finish with the last slopes. The descent was not a reward because the stones were sometimes of big size, still forcing me to walk but after two or three hours of descent I finally found a torrent with trees nearby and I could remake the tea and pitch the tent. The next day at sunrise I spoke with a shepherd who was walking with his sheep and cows, I had not seen humans since 10 am the day before and it was a very special meeting because he was particularly astonished to see a cyclist here, just like me I was surprised to meet him in such a isolated place at such an early hour. I made a new fire to boil a liter of water and then continued the descent. At one point the path was cut by a landslide, on the side of a very high and steep mountain. Two days after a terrible fall it was difficult to pass this new obstacle and make several trips by climbing the landslide by carrying the bags one after the other then the bike trying to stay in balance and without looking down. Down, I ended up getting there, in one piece, alive, and with my dear bike but it was still necessary to cross a new obstacle: a river whose bridge was destroyed by the current. I took the saddlebags again and made several trips to climb the remains of the concrete bridge, taking care not to slip into the water, because the powerful current would have taken me. On the way down I was slowed by a horse rider who was going up the road holding a bottle of vodka in his hand, he looked well drunk but I was able to get rid of it without much difficulty. I met another in much better condition and much more fun on the other side of the bridge near a farm and cannabis fields. Then instead of going up on the next mountain (500 meters of climbing) I chose to make a long detour to follow the downhill river and go to find the M41 road and a hotel at 40 kilometers. On this better road I fired up a new liter of tea and met a new Kyrgyz horse who was coming back to the farm with a bag filled with bottles of vodka. Particularly drunk he wanted to give me vodka and it took a long time for me to get rid of it because it was also accompanied by two big dogs and didn't want me to leave. When I finally joined the road and the civilization I was really thirsty and I quickly crossed two bagged cyclists who spun me water and I reached the hotel at night as planned. I dreamed of a shower and comfort but there was no shower or running water or wifi, the electricity was often cut off and there was a stench 20 meters around the dry toilets that were outside. 3 euros the night anyway. Then to reach the capital Bischkek by the road there were still two big passes, one day I climbed 70 kilometers without interruption from the morning to the evening and 5 kilometers from the summit at nightfall I was invited by a living family in an isolated yurt near the road. It was an opportunity to discover Kyrgyz ancestral culture from the inside: a very good moment in a very beautiful place in very good company. I was amazed by the knowledge of the French culture of the grandfather, who quoted me french writers Jules Verne and Victor Hugo (books have been translated into Russian), and Kyrgyz in general because two days earlier I had also heard of french singer Patricia Kaas and they also know a French actor with big nose and who now lives in Russia. The yurt was heated with fire from the excrement of cattle, the wooden structure was beautiful, as well as the colorful rugs on the walls. The father was stirring a liquid mixture in a high wooden receptacle, I did not risk drinking his preparation, it was certainly still fresh mare milk or perhaps fermented or another of their local preparations that made me sick several times in Kyrgyzstan. I left this beautiful family of the mountain, descended for 100 kilometers, climbed 1300 meters of elevation with big slopes and then went down again on the other side and arrived in Bishkek where I spent two weeks in a great place with excellent company.



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