Articles 6 - 10 / 154
1 2 3 4 5
Article du Mercredi 27 février 2019
16h32 - Etapes 1001-1015. Dubai-Mascate (855 kilomètres) J'ai repris la route le dimanche 13 janvier 2019 depuis la case arrivée de l'année 2017 et départ de l'année 2018 : Dubaï, aux Émirats Arabes Unis. Au programme : du soleil, du sable, des dromadaires, des montagnes, la mer. Et des grosses routes à 2 fois 3 voies bondées de trafic pour commencer : pire que les pires routes des Etats-Unis...Un trafic de dingue et un sacré parcours du combattant pour quitter Dubai à bicyclette! Direction Oman pour respirer un peu, mais comme il n'y a pratiquement que des autoroutes aux Émirats Arabes Unis et que ceux-ci sont interdits aux cyclistes, de longs détours et quelques galères furent nécessaires pour rejoindre le pays suivant. Sans autre choix, j'ai tout de même pris l'autoroute pendant 5 kilomètres sans me faire arrêter, puis j'ai du marcher 5 kilomètres dans le sable en poussant le vélo, avant de retrouver une route normale sur laquelle j'ai cette fois été stoppé par un policier. J'ai embarqué dans sa petite voiture avec mon vélo, car le brave voulait m'aider à franchir la frontière vers laquelle je me dirigeais 30 kilomètres plus loin, celle-ci ne laissant normalement pas passer les cyclistes étrangers. Mais malgré son aide, j'ai été refoulé. J'ai du faire un détour de 120 kilomètres pour aller chercher le poste frontière plus au nord! Pas cool. Arrivé à ce poste tenu par des vieux militaires, encore une mauvaise nouvelle : impossible de passer la aussi! J'ai alors fait un nouveau demi-tour sur 15 kilomètres avant de trouver la bonne route et le bon poste. A mon arrivée à Oman, mes premières impression sont celles d'un pays riche : il y a des belles voitures, le coût de la vie est élevé et un distributeur me retourne même un vieux billet de 50 rials ayant plus de valeur qu'un billet de 100 euros ou de 100 dollars et 1100 fois plus de valeur que la plus grosse coupure obtenue à Noukous. Comme ses voisins, le pays de 5 millions d'habitants possède d'importantes ressources naturelles. Oman connait une forte croissance depuis 1970, sous la houlette d'un sultan, monarque absolu et populaire. Je remarque de nombreuses similitudes avec l'Iran qui n'est pas loin : il y a des chiffres perses sur les panneaux, la monnaie est le rial, la religion musulmane, les magasins sont fermés le vendredi et les gens sont d'une très grande générosité et gentillesse. Il faut dire que la région a fait partie de l'empire perse pendant quelques siècles. Je souhaitais attaquer Oman par de la montagne, mais c'est raté, car la route sur laquelle j'arrive descend vers la mer sans autre choix. Je commence donc avec quelques étapes sur une petite route le long des plages. Je discute autant avec les nombreux travailleurs immigrés venus principalement d'Inde, du Pakistan et du Bangladesh, qu'avec les locaux beaucoup plus d'accessibles qu'aux Émirats. Quand je leur dis que je viens de France, on ne me parle pas des exploits de l'équipe de foot championne du monde, mais des mouvements de protestation récents qu'ils ont vu la télé : les Français qui se sont soulevés contre l'augmentation du prix de l'essence destinée à financer la rénovation énergétique des logements, petits enfants occidentaux pourris gâtés qui "ne parviennent pas à manger" avec 1200 euros par mois, donne une bien mauvaise image du pays. Ils pensent par ailleurs que la France est un pays dangereux dans lequel il ne faut pas aller en ce moment. Je fais également la rencontre d'autres cyclistes à sacoches et roule une vingtaine de kilomètres avec un couple venu de Suisse à vélo et un Hollandais sur un long voyage : Oman est une destination populaire et facilement accessible pour les cyclistes au long cours qui arrivent d'Iran par le ferry.
Peu avant la capitale Mascate, je quitte la mer et tourne à droite pour aller explorer une chaine de montagnes culminant à 3000 mètres d'altitude. Je visite d'abord un château millénaire à Nakhal, achète des dattes dans un magasin qui ne vend que cela (cela semble être le fruit national) puis débute la montée. À cause du climat, les montagnes sont quasiment dépourvues de végétation. Il n'y a que de la roche qui n'est d'ailleurs jamais très solide, elle s'effrite beaucoup et on a parfois l'impression que l'on pourrait prendre la montagne dans sa main pour la réduire en poussière. Quelques rares arbres parviennent à pousser dans les fonds de vallée, appelés "wadis", où l'eau coule parfois. Ils font mon bonheur pour la cuisine au feu de bois, ainsi que celui des chèvres qui se nourrissent des feuilles les plus basses. Malgré l'absence de verdure, les paysages sont beaux. Rapidement, l'asphalte disparaît pour laisser place à une piste poussiéreuse. Sur les conseils de Steven, guide à Oman, je fais un aller-retour pour aller visiter le village de Bilat Sait : c'est un coup de cœur, ce petit village traditionnel construit en dessous d'une source est pourvu d'un système d'irrigation qui apporte de la verdure et un peu d'agriculture. S'il n'y avait pas ces quelques voitures 4*4 pour gâcher le paysage, on pourrait se croire au moyen-âge. À mon arrivée, des habitants qui portent des végétaux sur leur tête me regardent d'un air intrigué, et il en est de même pour moi. Peu de touristes doivent venir ici, car seules les voitures à 4 roues motrices peuvent y accéder. Je cherche de l'eau et demande où se trouve le magasin d'alimentation. Un habitant prend mes deux bouteilles d'1,5 litres, entre dans sa maison, et revient un peu plus tard avec les deux bouteilles pleines et un gros sac d'environ 2 kg de dattes produites dans le village. Je le remercie chaleureusement et reprends la route dans l'autre sens. De retour dans la vallée principale, à la bifurcation où je rejoins la piste quittée auparavant, sur l'un des rares espaces plats disponibles, un élément déchire le paysage : un magnifique terrain de football en gazon synthétique tout vert. Comment, avec leurs 3 champs et leurs 4 cocotiers ces villageois ont-ils pu s'offrir un tel terrain de sport ? J'imagine que, comme moi, le sultan a eu un coup de coeur pour ce village et qu'il a pris un peu sur son millard de dollars de fortune personnelle pour leur faire ce cadeau afin qu'ils ne migrent pas vers la ville. Je passe ensuite une journée à grimper un col de 10 kilomètres de long. Sous une très forte chaleur, sur un sol couvert d'une épaisse poussière, avec un passage de 6 kilomètres à 15 % dont 3 kilomètres à 19 % de moyenne, avec une petite grippe et le 44-42 de ma nouvelle transmission mono-plateau un peu trop ambitieux pour ce genre de situation, je pousse le vélo la plupart du temps. Quelques 4*4 de touristes occidentaux me doublent parfois : ils sont agréables, souriants, détendus et heureux et me proposent de l'eau. Une dame me lance même un "sorry for the dust!", avant de m'envoyer un énorme nuage de poussière dans la figure. Je fais une pause sur l'un des rares endroits avec un coin d'ombre. Tout près de moi, me surplombant du haut d'un promontoire rocheux, une chèvre de la montagne m'observe longuement. Je l'observe aussi et on s'observe mutuellement ainsi pendant les 15 minutes que dure ma pause. Elle se demande certainement ce que je viens faire ici avec mon vélo, tandis que je me demande comment elle arrive à trouver de l'eau à boire dans un milieu aussi inhospitalier. Je campe au sommet avec une vue bien dégagée à 360 degrés, puis enchaîne avec une fantastique descente de 30 kilomètres sur le versant sud, sur une route cette fois goudronnée. Les paysages sont splendides. En bas, je réalise que la route est encore longue pour Salalah, ma destination finale à Oman, avec un séjour limité à 30 jours sur mon visa. Je renonce à aller visiter d'autres villages dans les montagnes et prends la route la plus directe pour Mascate.
[EN]
I took the road on Sunday, January 13, 2019 from Dubai. On the agenda: sun, sand, camels, mountains, the sea. And big roads twice 3 lanes with traffic to start: worse than the worst roads in the United States ... A crazy traffic and very difficult to leave Dubai on a bicycle! Heading to Oman to breathe a little, but as there are almost only motorwaysways in the United Arab Emirates and they are prohibited to cyclists, long detours and some galleys were necessary to reach my next country. Without any choice, I took the motorwayway for 5 kilometers without being stopped, then I had to walk 5 kilometers in the sand pushing the bike, before finding a normal road on which I have been stopped by a policeman. I went into his little car with my bike, because the brave wanted to help me to cross the border to which I was going 30 kilometers further, this border post not normally letting the foreign cyclists pass. But despite his help, I was repressed. I had to make a detour of 120 kilometers to fetch the border post further north! Not cool. Arrived at this post held by old soldiers, still bad news: impossible to pass too! I then made another 15-kilometer turn before finding the right route and the right position. When I first arrived in Oman, my first impressions are those of a rich country: there are beautiful cars, the cost of living is high and a ATM even gave me an old 50 riyal note with more value than 100 euro or 100 dollar bill and 1100 times more value than the biggest note obtained in Nukus, in Uzbekistan. Like its neighbors, the country of 5 million inhabitants has important natural resources. Oman has experienced strong growth since 1970, under the leadership of a sultan, an absolute and popular monarch. I notice many similarities with Iran which is not far: there are Persian figures on the panels, the currency is the rial, the Muslim religion, the shops are closed on Fridays and the people are of a very great generosity and kindness. It must be said that the region has been part of the Persian Empire for a few centuries. I wanted to start Oman from the mountain, but it's gone, because the road i entered was going down to the sea without any other choice. So I started with a few steps on a small road along the beaches. I talk as much with the many migrant workers who come mainly from India, Pakistan and Bangladesh, as with the locals who are much more accessible than in the UAE. When I tell them that I come from France, I'm not told about the exploits of the world champion football team, but the recent protest movements they saw on TV: the French who rose up against the increase in the price of gasoline to finance the energy renovation of homes, spoiled young Western children who "fail to eat" with 1200 euros per month, gives a very bad image of the country. They also think that France is a dangerous country to visit at this moment. I also meet other cyclists with saddlebags and ride about twenty kilometers with a couple from Switzerland cycling and a Dutchman on a long trip: Oman is a popular and easily accessible destination for long-distance cyclists arriving from Iran by the ferry. Shortly before the capital Muscat, I leave the sea and turn right to go explore a mountain range culminating 3000 meters above sea level. I first visit a thousand-year-old castle in Nakhal, buy dates from a store that sells only that (it seems to be the national fruit) and then starts the climb. Because of the climate, the mountains are almost devoid of vegetation. There is only rock that is never very strong, it crumbles a lot and sometimes we feel that we could take the mountain in his hand to reduce it to dust. A few rare trees manage to grow in valley bottoms, called "wadis", where water sometimes flows. They make my happiness for cooking over a wood fire, as well as that of goats who feed on the lowest leaves. Despite the lack of greenery, the landscapes are beautiful! Soon, the asphalt disappears to make way for a dusty track. On the advice of Steven, guide to Oman, I make a round trip to visit the village of Bilat Sait: it is a blow of heart, this small traditional village built under a spring is provided with a system irrigation that brings greenery and a little agriculture. If there were not these few cars 4WD to spoil the landscape, we could believe in the Middle Ages. When I arrive, people with plants on their heads look at me intriguedly, and so do I. Very few tourists come here because only 4-wheel drive cars can access it. I'm looking for water and ask where the food store is. An inhabitant takes my two 1.5-liter bottles, enters his house, and returns a little later with the two full bottles and a big bag of about 2 kg of dates produced in the village. I thank him warmly and take the road in the other direction. Back in the main valley, at the junction where I join the track left before, on one of the few flat spaces available, an element tears the landscape: a magnificent football pitch in green artificial turf. How, with their 3 fields and 4 coconut trees, have these villagers been able to afford such a sports field? I imagine that, like me, the Sultan had a crush on this village and that he took a little bit of his personal fortune to give them this gift so that they do not migrate to the city. I then spend a day climbing a 10-kilometer pass. Under a very strong heat, on a floor covered with a thick dust, with a passage of 6 kilometers to 15% of which 3 kilometers to 19% of average, with a small flu and the 44-42 of my new transmission mono-plateau a little too ambitious for this kind of situation, I push the bike most of the time. Some 4WD wehicules of Western tourists sometimes double me: they are pleasant, smiling, relaxed and happy and offer me water. A lady even throws me a "sorry for the dust!", before sending me a huge cloud of dust in the face. I pause on one of the few places with a shadow. Near me, overlooking me from the top of a rocky promontory, a mountain goat watches me for a long time. I also observe it and we observe each other well during the 15 minutes of my break. She certainly wonders what I'm doing here with my bike, while I wonder how she manages to find water to drink in such an inhospitable environment. I camp at the top with a clear 360 degree view, then go on a fantastic descent of 30 kilometers on the southern slope, back to an asphalt road. The landscapes are splendid. Downstairs, I realize that the road is still long for Salalah, my final destination in Oman, with a stay limited to 30 days on my visa. I give up visiting other villages in the mountains and take the most direct route to Muscat.
Etape 1001. Dubai – Al Awir. 44 kms.
Etape 1002. Al Awir – Petite route. 46 kms.
Etape 1003. Petite route – Al Ejeli. 58 kms.
Etape 1004. Al Ejeli – Route 5. 71 kms.
Etape 1005. Route 5 – Falaj Al Qabail. 63 kms.
Etape 1006. Falaj Al Qabail – Muntayfah. 67 kms.
Etape 1007. Muntayfah – Ash Shirs. 72 kms.
Etape 1008. Ash Shirs – Nakhi. 76 kms.
Etape 1009. Nakhi – Ar Rustak. 61 kms.
Etape 1010. Ar Rustak – Al Ghabirah. 39 kms.
Etape 1011. Al Ghabirah – Bilat Sait. 22 kms.
Etape 1012. Bilat Sait – Col à 2000m. 10 kms.
Etape 1013. Col à 2000m – Birkat Al Mawz. 80 kms.
Etape 1014. Birkat Al Mawz – Karku. 80 kms.
Etape 1015. Karku – Mascate. 66 kms.
Commentaires (
cacher) :
De
Clément Thiépel, il y a 6 ans
(+ 99 miams) : Aah... ça me rappelle bien des souvenirs... :D
De
Gérard MARTINEZ, il y a 6 ans
(+ 99 miams) : Bonjour Florent...Ah ! Dubaï ! J'ai appris en écoutant Daniel Mermet qu'on peut y faire du ski, sur de la vraie neige par + 40° C à l'extérieur du site!!! et eux, ils ne font même pas la route en vélo! le savais-tu et en as-tu profité pour te rafraîchir ? En attendant voici 99 cornets de glaces à la vanille ! ;-)
Ajouter un commentaire
* : facultatif.
** : ne sera pas publié.
*** : url complète.
**** : ajoutez des miams si l'article vous plait (maximum 99 par commentaire).
***** : obligatoire. Si vous ne remplisserez pas cette case ou si vous vous trompez dans le calcul votre commentaire ne sera pas enregistré.